Tu ne serais pas arrivée là si…
Je ne sais pas exactement où je suis arrivée mais je suis contente d’être en chemin. Je n’aurais pas publié 13 livres, ni même un si je n’avais pas rencontré deux personnes extraordinaires qui m’ont aidée à reprendre confiance en moi. Avec beaucoup d’écoute et de bienveillance, Jean-Christophe et Elodie m’ont accompagnée jusqu’à ce que j’ose (enfin) écrire une histoire d’un bout à l’autre. Ils m’ont permis de renouer avec la créativité que j’avais petite fille et ça me rend très heureuse !
Tu te décris comme…
Quelqu’un qui joue avec les mots et les couleurs. Au fond de moi, je dirais comme une romancière mais pour l’instant, c’est une vision assez intime de la chose, je n’ai publié que deux romans mais je n’ai pas dit ( ni écrit) mon dernier mot. Pour élargir le spectre, je me vois surtout comme une maman un peu poule, un peu louve, une personne curieuse de tout et qui aime créer des liens.
Qu’est-ce qui t’as donné envie d’écrire des livres ?
Petite, j’avais tout un stock de métiers en réserve : bûcheronne (3 ans), vendeuse de roses et de salades (4 ans), philosophe (5 ans), poètesse (8 ans), et tout de suite après docteur de la parole, c’est comme ça que j’imaginais l’exercice de la psychiatrie. J’ai découvert que je n’aimais pas les maths, et d’autres métiers me sont venus avocate, journaliste au lycée… Je voulais surtout être une maman – c’était mon leitmotiv – et j’avais envie de transmettre du savoir. Tout le monde, sauf mon père qui me l’avait expressément interdit, voulait que je sois prof. Je le suis donc devenue ! Je pense que je n’osais pas imaginer qu’un jour j’écrirai des livres et que des gens les liraient.
Qu’est-ce que tu préfères dans ton métier d’auteure ?
Je crois que j’ai une manière particulière d’être auteure ce qui implique une réponse un peu longue. Je dis souvent que je suis un « couteau suisse de l’écriture » : j’écris pour les bébés, les grands, des histoires imaginées ou adaptées du folklore, des documentaires, des livres sérieux ou légers. J’aime passer d’un style à l’autre. Alors, à chaque livre son plaisir. J’adore rencontrer des gens passionnés comme pour Histoires de marchands de toile, j’aime aussi beaucoup faire des recherches, le sujet le plus austère peut devenir passionnant. J’apprécie les contraintes d’écriture (style, nombre de mots) c’est un jeu qui m’amuse. Mais ce que je préfère, c’est le moment où mes personnages n’en font plus qu’à leur tête et où leur caractère fait dériver l’histoire prévue et la rencontre avec mes lecteurs. Je suis une auteure qui n’aime pas être seule !
Comment écris-tu ?
J’écris essentiellement sur mon ordinateur, le matin de préférence, un casque sur les oreilles. Avec l’expérience, je peux travailler plusieurs heures d’affilée. En revanche, je prends des notes sur des grands cahiers avec des couleurs tout au long de la journée et je réfléchis presque tout le temps à ce que je vais écrire quand je cuisine, marche, étends la lessive, conduis.
Je me relis beaucoup, beaucoup et à haute voix. J’aime que le texte sonne bien que j’écrive un conte ou un beau livre illustré pour adultes.
Qu’est-ce que tu lis en ce moment ?
Alors que je lisais beaucoup, en particulier de 13 à 25 ans, 8 livres par mois, je lis de moins en moins. Il m’est, en effet, difficile de lire quand je suis en cours d’écriture. J’ai deux livres à rendre en mai. Je lis donc par période, par bouffée. En ce moment, je découvre un récit que je trouve très sombre : En nous beaucoup d’hommes respirent. Marie-Aude Murail qui est une auteure jeunesse que j’adore se livre à un exercice d’écriture autour des archives intimes de sa famille. Elle reprend les courriers, ses propres journaux intimes et évoque son absence totale d’inspiration. C’est un texte sincère et qui me trouble beaucoup car j’aimerais ne plus jamais perdre le fil de mes mots.